Notre Arrivée au Centre Germain Nadal
- christophegrolleau
- 9 juin 2017
- 3 min de lecture
Une vieille Renault 19 bringuebalante, nous conduit à travers la savane par une piste de terre rouge. Dix minutes plus tard, nous arrivons au CGN (le centre de formation des familles catéchistes), où nous attendent chaleureusement les abbés Apollinaire, Paul Sylvain, et deux jeunes garçons, Modeste et Thibault.
En 1933, des pères blancs venus de France via le Ghana fondent cette mission dans le but d’évangéliser et de soigner les habitants de la sous-région du Ioba.
A cette époque, la colonie de la Haute Volta (actuel Burkina Faso) est jugée non viable sur le plan économique. Ce territoire est donc supprimé au profit de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Soudan.
De nos jours, les missionnaires ont laissé la place à une toute jeune Eglise Burkinabé.
Le CGN dépend du diocèse de Diebougou et a pour vocation d’accueillir pendant trois ans une vingtaine de familles des différents villages afin de leur dispenser une formation religieuse mais aussi de leur apprendre un métier dans les domaines agricoles, mécaniques, le travail du bois, du fer, du tissage. Ainsi à la fin de leur séjour au CGN, les élèves catéchistes peuvent exercer leur formation et partir évangéliser dans leurs paroisses respectives.
Chaque famille loge dans une petite maison rudimentaire, cultive un lopin de terre et élève des poules. Il y a beaucoup de jeunes enfants très curieux de voir des blancs.
Nous déposons nos affaires dans un ancien bâtiment utilisé auparavant pour les cours d’agronomie, aménagé, pour notre séjour, de deux grandes pièces fraîchement peintes, comportant un bureau, deux chaises, un lit pour deux, un cabinet de douche et lavabo. Pour les commodités il faut se rendre à l’extérieur.
Nous retrouvons les pères. Une bonne bière fraîche et un repas nous attendent. Le Burkina brasse et produit des bières locales très appréciées (Brakina, Sobebra, Beaufort…). Les bouteilles de 65cl coûtent environ 600f CFA et titrent entre 4,2 et 4,8°. On les consomme ainsi que le « dolo » (alcool traditionnel de mil fermenté servi dans des calebasses) dans des endroits nommés « maquis » ou buvettes. Assis au pied d’un arbre à l’abri du soleil, chacun déguste tranquillement et palabre pendant des heures en écoutant de la musique africaine. La première tournée est offerte, vous êtes l’invité. Si tout se passe bien, vous vous devez de proposer la suivante… et ainsi de suite.
Pendant l’apéro nous faisons connaissance les uns des autres. En Afrique cette présentation formalisée est très importante, il ne faut surtout pas interrompre celui qui a la parole !
Comme précédemment indiqué, l’abbé Augustin Meda est le responsable du CGN. C’est un homme grand, de forte corpulence, joyeux, bon vivant, attaché au travail de la terre, originaire du Ghana. Nous aurons la chance de nous retrouver plusieurs fois en France après notre retour au mois de mai et juin.
Il y a aussi le père Apollinaire, plus âgé, réservé, c’est un « cérébral », il assure les cours aux élèves catéchistes. Malheureusement, il a des problèmes de santé et reste souvent au CGN.
Âgé de la quarantaine, l’abbé Séverin est un « Dagara » pur souche. Élancé, fin, ses rires sont très communicatifs. Nous nous sommes rencontrés la première fois à Cagnes s/Mer au mois de juillet 2015. Le diocèse de Nice jumelé à celui de Diébougou accueillait des pères Burkinabés sur les Alpes Maritimes afin de remplacer les prêtres en vacances. C’est à la suite de cette entrevue qu’ est né le projet de se rendre au Burkina Faso. Responsable de la gestion et du développement d’un centre de santé et de protection sociale, futur centre médical avec antenne chirurgicale (CMA), le père Séverin nous demande d’apporter notre aide à la pharmacie du dispensaire.
L’abbé Paul Sylvain est le plus jeune de tous. Il s’occupe de la gestion et la comptabilité du CGN, mais aussi des jeunes. Souvent on a du mal à le comprendre car son accent est très prononcé, entrecoupé toujours de rires.
Tous sont des « dagaras » et parlent en notre présence le français.
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